Chaque secteur et chaque phase de notre vie est potentiellement valable comme champ de pratique bouddhiste, qu’il s’agisse du travail, de l’éducation des enfants, des relations intimes, du vieillissement, de la perte et du deuil, etc. Dans tous ces domaines, nous faisons généralement l’expérience d’une insatisfaction plus ou moins douloureuse. Nous tentons de la résoudre dans ce domaine, ignorant son origine plus profonde dans notre sentiment existentiel caractéristique de manque.
Le zen des relations intimes
Ils se plaignent d’être déprimés, d’avoir des insomnies, d’être malheureux dans leur mariage, de ne pas aimer leur travail, et d’un certain nombre de problèmes similaires. Ils croient généralement que tel ou tel symptôme particulier est leur problème, et que si seulement ils pouvaient se débarrasser de ce trouble particulier, ils iraient bien… Ces patients ne voient pas que ces diverses plaintes sont la seule forme consciente sous laquelle notre culture leur permet d’exprimer quelque chose de beaucoup plus profond et qui est commun aux diverses personnes qui croient souffrir de tel ou tel symptôme particulier. La souffrance commune est l’aliénation de soi, de ses semblables et de la nature, la conscience que la vie s’écoule comme du sable et que l’on mourra sans avoir vécu.
Contexte et préliminaires
Nous nous intéresserons ici principalement aux relations érotiques, qu’il s’agisse de relations « romantiques » éphémères ou de relations « partenariales » (mariées ou non). Cependant, un sentiment existentiel similaire de manque ou dukkha (traduit de manière quelque peu trompeuse par « souffrance ») peut être ressenti dans toutes les relations étroites et potentiellement nécessiteuses, comme entre parents et enfants, ou dans les amitiés émotionnellement dépendantes. Et un diagnostic et un traitement similaires par la pratique de la conscience émotionnelle s’appliquent également. Dans la seconde moitié du vingtième siècle, le modèle traditionnel, institutionnalisé et relativement stable du mariage a été remplacé par l’individualisme besogneux et agité de la haute modernité, qui a enlevé une autre couche de l’oignon existentiel dans sa recherche d’authenticité au cœur. Il a été supplanté par le « partenariat » dans une relation engagée. La modernité est marquée par un besoin d’intimité qui est devenu intense et compulsif et qui se concentre sur les « relations », un mot qui, comme le terme « partenariat », n’a pris son sens actuel qu’au cours des cinquante dernières années environ.
La relation est un phénomène unique
Dans un sens que, contrairement au mariage traditionnel, elle est totalement détachée de toute condition sociale extérieure et n’existe que pour elle-même. Elle doit donc accueillir tout le bagage émotionnel, intellectuel et existentiel des deux parties, souvent avec des attentes mutuelles déraisonnables. Et il doit le faire au milieu d’une société de consommation rapide et agitée (sous la pression, en Suisse, des horaires de travail les plus longs d’Europe), et souvent avec les exigences de l’éducation des enfants (qui pourraient bien éloigner les parents au lieu de les rapprocher).
Nous pouvons noter, entre parenthèses, que s’il n’y a pas un trop grand besoin mutuel, cette exposition émotionnelle peut être atténuée par des arrangements pratiques qui garantissent que chaque partenaire est capable de mener une vie séparée et autonome compatible avec une relation d’amour. En d’autres termes, la distance doit être appropriée pour soutenir la relation et non pour échapper à ses défis. Ainsi, le poète soufi Kahil Gibran a écrit dans Le Prophète :
…‘’Aimez-vous les uns les autres, mais ne créez pas un lien d’amour…
Remplissez la coupe de l’autre, mais ne buvez pas à une seule coupe…
Tenez-vous ensemble, mais pas trop près l’un de l’autre ‘’…
Les piliers du temple se tiennent à l’écart.
Et le chêne et le cyprès ne poussent pas à l’ombre l’un de l’autre. Néanmoins, quels que soient les ajustements pratiques qui peuvent être faits pour réduire les pressions, le maintien d’une relation intime reste une entreprise émotionnellement exigeante. Ces exigences ne sont pas des obstacles ou des distractions dans notre pratique bouddhiste, tout comme notre pratique est plus qu’un moyen de gérer ces exigences. Elles sont elles-mêmes notre pratique. Dans l’observation suivante, une love coach Suisse, pionnière du « Zen de l’esprit ordinaire » contemporain, se fait l’écho d’un grand nombre d’enseignants actuels du Dharma dans toutes les traditions :
Les relations avec les gens, en particulier les relations étroites et de confiance, sont notre meilleur moyen de grandir. En elles, nous pouvons voir ce que sont réellement notre esprit, notre corps, nos sens et nos pensées. Il n’existe aucun moyen supérieur aux relations pour nous aider à voir où nous sommes bloqués et ce à quoi nous nous accrochons. Tant que nos boutons sont poussés, nous avons une grande chance d’apprendre et de grandir. Une relation est donc un grand cadeau, non pas parce qu’elle nous rend heureux – ce n’est souvent pas le cas – mais parce que toute relation intime, si nous la considérons comme une pratique, est le miroir le plus clair que nous puissions trouver.
Cependant, nous ne pouvons vraiment connaître une relation que dans la mesure où nous nous connaissons profondément, et cela peut être un voyage long et ardu. La bonne nouvelle est que l’amour nous motive et nous inspire à développer cette connaissance de soi plus profonde, sans laquelle l’amour peut périr. Voir https://www.psychologies.com/Couple/Vie-de-couple/Au-quotidien/Articles-et-Dossiers/Mettez-du-zen-dans-votre-couple pour en savoir plus !